Vagabondage incessant? [PV Rosado]

Depuis que son maître et sa fidèle et amante Neiko étaient partis dans un pays lointain pour vivre leur amour en toute liberté, Nastali ne savait que faire. Son maître lui avait simplement dit qu'elle était désormais libre, qu'elle pouvait vivre sa vie comme elle l'entendait, et qu'il espérait qu'elle trouverait elle aussi une personne à aimer dans sa vie qui ferait d'elle une personne heureuse. Mais, à vrai dire, Nastali ne comprenait guère ce que cela voulait dire. Son maître l'avait, en quelque sorte, abandonné, tout en lui disant qu'elle était libre. Elle ne pouvait donc pas retourner au marché des esclaves, puisque les dernières instructions de son maître n'était pas ceux-là, mais elle ne pouvait pas non plus vivre comme n'importe quelle personne, puisqu'elle était une esclave.

Tourmentée par tout ces doubles sens, Nastali errait dans les rues de la ville sans véritable but depuis un peu plus de deux semaines, se nourrissant de ce qu'elle trouvait ici ou là, parfois en achetant de la nourriture avec les maigres sous qu'on lui donnait lorsqu'elle rendait un service à une personne, mais jamais vivant de vol. Elle trouvait généralement un petit coin, dans une ruelle sombre, pour dormir, mais ses vêtements n'étaient guère chauds, et tout ce temps passé dans la rue commençaient à les détériorer sérieusement, malgré que Nastali s'efforçait de rester aussi propre que possible, en récupérant de l'eau de la rivière pour se laver chaque matin.

Par chance, Nastali n'avait pas encore rencontré de gens de mauvaises pensées, et n'avait jamais été encore volé par qui que ce soit. Elle n'avait pas songé à cette possibilité, mais comment comprendre que l'on puisse vouloir du mal à une inconnue telle qu'elle?

Cependant, cela changea un jour, lorsque, alors qu'elle cherchait un endroit pour dormir derrière un bar, une bande de fripouille s'approchaient d'elle d'un air malfaisant, sans doute avec des intentions peu recommandables. Bien sûr, Nastali, qui ne se doutait de rien, ne cherchait nullement à se cacher, ni à fuir, ni à se défendre.

*Bon sang... Ces speed dating sont d'un lourdingue...*

Pensa, soutenant sa tête d'une main, Rosa, en écoutant le blabla sans interêt d'une greluche de 140 Kg au bas sur la beauté interieure...

*Beauté interieure, j'veux bien, n'empêche que je suis cul de jatte, moi, pas aveugle... Sans oublier qu'on peut être grosse ET idiote.*

Gardant ses pensées uniquement en tant que pensées, Rosa attendit la fin des cinq minutes avant de préférer s'éclipser plutôt que de rencontrer la quatrième des sept personnes. Elle en avait déjà trop vu. Pour sortir, elle préféra prétexter un passage aux toilettes pour s'éclipser par la petite porte donnant sur une ruelle... Un bref regard à gauche, puis à droite, lui fit comprendre qu'elle aurait sans doute mieux fait de sortir une personne avant ou après... Car elle n'avait pas la tête à assister à un passage à tabac dans les règles.

Dans son malheur, elle eut tout de même la chance de reconnaître deux protagonistes. A sa droite, Nastali Galiana, l'esclave parfaite aux prises avec un maître idiot la croyant folle d'être si servile alors que c'est lui qui est fou. A sa gauche, Edwin Rockenmeyer, tendances à la violences poussé par la frustration rapport à certains faits, qu'elle s'empressa de mettre à profit. Et sous les verbiages quelconques de ses trois camarades, elle s'approcha de lui lentement -canne oblige, certes, mais là, c'était un effet ménagé- pour lui sussuer à l'oreille:

"A ton avis mon cher Edwin, ils préfèreraient savoir quoi sur toi d'abord tes potes? Ton impuissance, ton homosexualité refoulée, ou ton fétichisme des personnes tuméfiées?"

Puis laissant audit Edwin le soin de convaincre ses camarades que non, ce n'était pas une bonne idée d'aller s'amuser avec la jeune fille, Rosa avança vers Nastali, et soupira...

"Alors, c'est quoi? Dispute? Non ce serait trop beau. Voyons voir, il reste quoi... Oh, je sais, ton maître t'as dit d'aller lui chercher un bouteille de lait, et quand t'es revenu, il a vérouillé la porte?"

Le tout en prenant un air à mi chemin entre l'ironie et le mépris.

Quand les hommes qui l'entouraient décidèrent de partir sans même lui adresser la parole, Nastali les regarda, interdite. Elle se demandait ce que ces hommes voulaient, et elle trouvait cela bizarre, lorsqu'elle reconnu la femme qui était derrière eux: la maîtresse psychiatre Rosado. Un peu nerveuse à cause de leurs dernières rencontres qui s'étaient relativement mal passé, elle lui offrit néanmoins une superbe révérence, et ce malgré l'état de ses vêtements, avant de répondre doucement à sa question, d'une voix simple et soumise, comme elle en avait l'habitude depuis sa plus tendre enfance.

-"Bonsoir, Madame Rosado, je suis heureuse de vous revoir. En fait, mon maître et son esclave et amante sont partis dans un pays plus clément en ce qui concerne l'amour entre humain et Neiko, Madame. Mon maître m'a alors dis que je n'étais plus son esclave, Madame, mais ne m'a dit ce que je devais faire, Madame."

Nastali avait laissé sa phrase en suspend. Il était évident que la suite se voyait pour n'importe qui, vu l'état dans laquelle elle se trouvait. Mais Nastali ajouta tout de même une petite question à la maîtresse psychiatre, car la situation la perturbait.

-"Vous les connaissez, Madame? Je n'ai pas bien compris ce qu'ils voulaient, Madame. Vous leur avez dire de partir, Madame?"

Rosa poussa un nouveau soupir lors de l'explication de Nastali, puis, à sa question, répondit simplement en agitant son index tel un métronome, puis en disant:

"Secret médical."

Elle hésita un instant entre tourner cape classieusement et rester s'enquérir plus avant de la chose... Mais comme de toute façon, elle la suivrait...

"Mouais, n'empêche que c'est pas loin de ce que je t'ai dit ta situation. S'il voulait te cocooner tout en te libérant, il t'aurait trouvé un lieu de vie ou t'aurais permis d'habiter chez eux en leur absence, au lieu de te jeter comme une malpropre... Que t'es à présent... Les hommes..."

Tourné dans cette optique là, Rosa se prit presque de pitié pour la jeune esclave inconsciente de son sort... Et donc...

"Bon, posons les choses simplement. Tu préfères dormir où, dehors, ou chez moi?"

Nastali écouta attentivement le point de vue de la dame psychiatre avec intérêt, et, en y réfléchissant, lui répondit alors de sa voix douce et gentille.

-"Oui... C'est vrai, Madame... J'aurai peut-être dû me rendre au marché des esclaves, vous croyez, Madame? C'est peut-être ce qu'il voulait que je fasse... Mais comme il ne me l'a pas dit, j'hésitais, Madame... Vous croyez que c'est mal, ce que j'ai fais?"

Nastali, à sa mine triste, doutait visiblement de ce qu'elle avait décidé de faire par la suite, et, visiblement, si la dame psychiatre lui disait que oui, alors elle chercherait probablement à se punir pour se corriger d'elle-même s'il le fallait, avant d'ajouter timidement.

-"Je crois qu'ils ne reviendront plus, Madame. Je ne sais que faire... Vous savez, je ne suis qu'une simple esclave, Madame..."

Et, quand Madame Rosado lui demanda si elle préférait dormir dehors ou chez elle, Nastali eu un léger sourire de soulagement. A vrai dire, dormir dans la rue ne l'enchantait guère, et passer ses journées à errer n'était guère utile pour elle. Aussi, Nastali plongea dans une aussi profonde révérence avant de répondre doucement

-"Oui Madame, je veux bien dormir chez vous Madame."

Et, après un instant d'hésitation, elle lui demanda à nouveau, de sa voix légère et soumise.

-"Pourrais-je entrer à votre service, Madame? Seulement si vous le voulez, Madame. Je me rendrai au marché des esclaves si vous le préférez, Madame."

"Oui"

Répondit sèchement Rosa à la première question de Nastali.

"T'aurais pas dû hésiter ni songer la moindre seconde à te rendre au marché. Mais bon, je suppose que compte tenu du contexte, on ne peut pas vraiment te le reprocher, avoir une idée précise pour la réinsertion après avoir été ejecté comme une malpropre. Surtout que je devine qu'il n'a signé aucun papier ni rien..."

Tapotant sa canne contre le sol, et faisant une moue, elle écoutait le reste des paroles de Nastali, puis:

"Je vais voir si on sera obligé de te mener au marché, si c'est le cas, on ira. Mais bon, en tous les cas, j'aurais des scrupules à laisser une esclave aussi bonne que toi trainer ainsi, ou aller à nouveau entre les mains de n'importe qui..."

Puis, se retournant, elle commença à aller pour sortir de la rue en continuant:

"En résumé, suis-moi, on va vers ma voiture. Même si je n'habite pas trop loin, certes. D'ici demain, tu es une invitée, donc madame conviendra. Après, si tout va bien, tu seras à moi. Si tu arrives à faire le deuil de ton maître, mais, ce semble être le cas si l'on suit la logique des cinq phases du deuil."

Quand la dame psychiatre lui dit qu'elle avait eu tort de ne pas se rendre au marché des esclaves, le visage de Nastali prit une petite mine de souffrance. Visiblement, elle se le reprochait profondément, et se demandait comment elle pourrait se racheter pour son erreur. Toutefois, visiblement, la psychiatre avait décidé de prendre son destin en main, aussi Nastali écarta ses pensées et décida de service sa peut-être future maîtresse docilement. Elle commença dès lors les paroles de la psychiatre prononcée, en lui faisant une révérence un poil plus profond que celle qu'elle lui accordait jusqu'alors, avant de répondre docilement.

-"Oui Madame. Comme vous le voudrez, Madame."

Et, prenant son nouveau "statut" très au sérieux, elle posa simplement quelques questions à la psychiatre, pour la servir au mieux, tout en satisfaisant sa curiosité encore acceptable à ce niveau.

-"Avez-vous besoin d'aide pour marcher, Madame? Vous pouvez vous appuyer sur moi si vous le voulez, Madame, je suis forte, vous savez, Madame. Quelles sont les cinq étapes du deuil, Madame, si vous me permettez de vous poser cette question, Madame?"

Le comportement de Nastali, si insupportable en consultation, était des plus appréciables lorsqu'elle était bel et bien contrôlée par quelqu'un. Ainsi, c'est sereinement qu'elle répondit à ses questions d'ordre pratique dans un premier temps:

"Je peux marcher toute seule avec une canne, j'ai l'habitude. Il faut dire que j'ai ce handicap depuis six ans maintenant, et, je n'ai pas de soucis particulier. Par contre, avec un fauteuil roulant, je préfère nettement lorsqu'on me pousse, ce n'est pas un fauteuil électrique... Donc là, tu pourras être utile."

Puis, heureuse de voir une curiosité bien placée c'est avec plaisir qu'elle répondit à la dernière question de Nastali.

"Les cinq étapes du deuil sont issues des travaux du docteur Elisabeth Kübler-Ross, qui a suivi longtemps des proches de morts, et des patients en phase terminale. Elle a ainsi déterminée cinq phases au travers desquelles la plupart des personnes font le deuil d'une relation, ou d'une personne chère décédée. Il y a tout d'abord le choc, ou le déni, consistant à affirmer qu'il ne peut pas vous avoir laissé tomber, ni rien. Et que même s'il vous dit que vous êtes affranchie, vous l'appelez encore maître. Puis il y a la colère, qui n'est pas forcément marquée. C'est une phase de questionnements, sur soi essentiellement. Qu'ais-je fait pour mériter ça? Puis il y a le marchandage, une phase de concession, de marchandage... Et si je faisais ça, alors, vous me reprendrier à votre service? Ensuite, il y a la dépression, ou la déprime, une phase où l'on peut parfaitement errer à dormir dans la rue pendant deux semaines sans savoir de quoi sera fait le lendemain... Enfin, il y a l'acceptation, où l'on reconnaît que ce type vous a lâchement abandonné, et que vous recommencez à réorganiser votre vie..."

Puis, prenant sa place conducteur dans la voiture avant de dévérouiller la place passager...

"Et, c'est par là."

Dit-elle en désignant ledit siège.