Rayon de lune [Pv]

Il faisait nuit, complètement, et un manteau noir recouvrait la ville, la plongeant dans l'obscurité la plus totale, une obscurité à peine éclaircie par la lueur des étoiles. C'était une nuit d'été, paisible et silencieuse, et le vent soufflait à peine dans les rues, effleurant les feuilles des arbres qui bruissaient doucement. Un petit rayon de lune s'immisca soudainement par la fenêtre d'un établissement du quartier Sud, illuminant légèrement la boutique de sa lueur argentée.

C'est ce même rayon de lune qui vint caresser le doux visage d'albâtre d'une jeune femme, créant des reflets argentés qui vinrent danser dans ses longs cheveux d'un noir de jais qui coulaient en une cascade souple sur ses fines épaules. De longues et lourdes chaînes scellées dans le mur de pierre humide et glacée entravaient les poignets et les chevilles d'Elwen, et, comble du sadisme, des pointes en fer ornaient les anneaux de métal qui lui enserraient les membres pénétraient dans la chair fragile de ses bras et de ses jambes dès qu'elle tentait de faire le moindre mouvement. Simple précaution, vu le caractère et la réaction qu'elle avait eus lors de son arrivée à la boutique, ou tout simplement de la perversité...? Sûrement les deux. En tout cas, elle était dans de beaux draps à présent... Le visage ravagé par la douleur et le désespoir, la jeune femme ferma les yeux, dissimulant ses prunelles dissemblables à l'éventuel client qui se serait hasardé à cette heure-ci dans le magasin, et laissa échapper un sanglot. Une seule image hantait son esprit, se fixant malgré tous ses efforts pour l'oublier sur ses paupières closes, ravageant son coeur qui était déjà complètement anéantit par le chagrin et la souffrance. Sa famille, morte,, étendue, là, à ses pieds... Comment la vie pouvait-elle être aussi cruelle ? A bout de nerfs, Elwen laissa échapper un hurlement de rage et de douleur, qui lui valu un regard assassin de la plupart de ses compagnons d'infortune, qu'elle leur rendit.

Elle ne comprenait pas cela non plus... Pourquoi s'était-elle retrouvée enfermée dans cet endroit, en compagnie d'être et de créatures tout aussi bizarres les unes que les autres ? Elle était normale, parfaitement... Pourquoi... Redressant fièrement la tête, les yeux brillants, Elwen tira vivement sur ses chaines, tentant vainement de se libérer, geste qui ne fit que lui arracher un hurlement de douleur. Vaincue, elle reposa sa tête contre le mur, inspirant profondément, et se contenta de fixer la pièce de ses yeux émeraude et azur, impuissante..

L'aube pointait enfin le bout de son nez, instant où les rues étaient presque toutes désertes. La ville en était presque fantôme, ses habitants préférant roupiller encore un peu dans leurs lits bien douillets. Seuls quelques lève-tout se promenaient, et quelques voitures passaient de temps à autres. Et au milieu, Léo. Non non, pas à pieds hein ! Sur sa moto noire, vêtu d'un jean rapiécé et d'un blouson de cuir. Les lampadaires encore allumés se reflétaient sur son casque sombre, tout comme les phares des voitures qu'il croisait.

"Où se dirigeait-il comme ça ?" me demanderez-vous. Tout simplement vers la boutique d'hybrides où il était déjà allé. Ayant trouvé ce face à face assez intéressant avec l'hybride ailée, il avait décidé d'y retourner et, qui sait, peut-être faire un nouvel achat. Homme ou femme ? Ca dépendrait de l'hybride. Toujours était-il que cette fois, il n'était pas sûr de s'attarder devant un être qui lui tiendrait trop tête.

Il gara sa moto juste devant le bâtiment, puis entra dedans, casque sous le bras. Il titilla un moment les chaînes et autres outils rappelant la pratique sado masochiste que quelques maîtres devaient pratiquer sur les "marchandises" proposées ici. Mais, ce n'était pas le truc du comédien. Il n'avait pas besoin de ça pour prendre et donner du plaisir.

Bref ! On n'est pas là pour polémiquer là dessus, ni personne d'autre d'ailleurs. La boutique était pour l'instant vide de tout vendeur, laissant le loisir à Léo de regarder à droite et à gauche les êtres en vente sans avoir quelqu'un collé à ses basques en lui chantant les louanges de chacun pour mieux vendre...

Son regard s'arrêta sur une jeune fille qui avait pourtant tout d'une humaine, attachée par des liens semblant bien douloureux. Il s'en approcha, et s'arrêta devant elle.

"Tu es si impitoyable qu'il a fallu t'attacher ainsi ?"

» Dîner au clair de lune [PV Maya]